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Chief Ethics Officer : l’autre CEO

May 2nd, 2023  by Bruno van Marsenille

Avec l’émergence de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage machine, les organisations commencent à s’intéresser à l’usage qui est fait des données collectées et traitées dans des volumes sans cesse plus importants. D’autant que les entreprises se veulent toujours plus ‘data driven’. La désignation d’un ‘chief ethics officer’ (CEO) ne s’impose-t-elle dès lors pas ?

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Dans les organisations modernes, la donnée est clairement le nouvel or noir. Et sa collecte, son traitement et son stockage doivent faire l’objet d’une attention particulière. Notamment en raison du RGPD (règlement général sur la protection des données) et ses sanctions très lourdes pour les contrevenants. De même, toute fuite de données pénalise l’entreprise qui perd en crédibilité. D’ailleurs, une récente étude d’Adobe indique que 57% des consommateurs arrêteraient d’acheter une marque si celle-ci était victime d’un vol de données à la suite d’une faille de sécurité. Preuve qu’il existe un lien étroit entre niveau de confiance, fidélité et profitabilité.

La question de l’éthique ne se limite donc pas à des résultats commerciaux, mais vise essentiellement à réduire les risques d’exploitation. Et donc à une problématique de gouvernance. « D’un point de vue opérationnel, il y a clairement un avantage pratique à désigner un ‘chief ethics officer’ », estime Nicholas Creel, professeur assistant de droit des entreprises au Georgia College and State University.

Approche globale

Cela étant, désigner un CEO ne suffit pas, toujours selon Nicholas Creel. « Les données et l’éthique sont une problématique transfonctionnelle qui impacte tous les éléments d’une organisation et l’ensemble de ses processus. » Il s’agit donc d’un effort collectif qui exige de mettre en place des politiques spécifiques.

D’ailleurs, les considérations éthiques s’inscrivent dans la responsabilité sociale des organisations. En effet, l’auto-régulation éthique apparaît comme une preuve de ‘bonne foi’ vis-à-vis de la communauté. Le rôle du CEO consistera donc non seulement à s’assurer que tous les acteurs dans l’entreprise ont conscience de leur responsabilité sociale, mais aussi que les approches sont cohérentes et reflètent des objectifs communs.

Plus spécifiquement en ce qui concerne l’IA, le CEO sera chargé de trouver le meilleur équilibre entre la transparence, l’inclusion, la responsabilité, l’impartialité, la fiabilité, la sécurité et la vie privée. De même, il lui appartiendra de consulter les différents départements de l’entreprise sur les règles éthiques à mettre en œuvre.

Dans le cas de l’intelligence artificielle, ce CEO aura la responsabilité d’appréhender et de communiquer sur la finalité et les mécanismes des algorithmes utilisés, tout en garantissant la consistance entre les différents outils déployés.

Défis

Si la désignation d’un CEO fait débat dans les entreprises, son rôle n’a rien d’anecdotique. En effet, ce CEO devra composer avec les autres ‘chiefs’ de département (notamment les directeurs financier, juridique ou HR, ou encore le responsable de la sécurité) pour arrêter une position commune. En outre, il devra faire preuve de compétences technologiques pluridisciplinaires, que ce soit en matière d’IA, mais aussi de sciences sociales, de droit ou encore de stratégie d’entreprise. Car finalement, sa mission sera de mettre en place une éthique cohérente dans tous les départements de l’organisation.

Enfin, et comme souvent, l’aspect humain sera capital dans le travail du CEO. « En réalité, les entreprises ne véhiculent aucune valeur, mais bien les êtres humains », résume David Lewis de la London Business School. « Et la plupart des hommes ont de vraies valeurs. Or les valeurs n’apportent pas de solutions, elles créent des dilemmes. » C’est le fameux exemple du ‘pieu mensonge’ également appelé ‘mensonge blanc’, entendez un mensonge qui est fait dans l’intention d’être utile ou agréable à quelqu’un. Autre dilemme potentiel dans l’entreprise : être transparent tout en protégeant la confidentialité.

« Le rôle du CEO sera de créer un environnement dans lequel les collaborateurs, à tous les niveaux dans l’organisation, pourront s’engager dans ces dilemmes et résoudre ensemble la quadrature du cercle d’une manière qui a du sens pour eux, faire un usage positif de leurs diverses idées et expériences et leur permettre de contribuer en tant que personnes réactives qui sont fières de leur contribution. »

Passion

Le problème est évidemment que les gens ne changent pas parce qu’on leur dit de changer. « La raison seule n’induit pas le changement et n’incite pas à l’action. L’impulsion de l’action doit provenir de la passion », estimait déjà le philosophe britannique David Hume.

Dès lors, l’organisation se doit d’être proactive, et non réactive en matière de politique d’éthique en mettant la confiance au centre du débat. Et en définissant des processus et un ‘ownership’ sur qui collecte, contrôle et stocke la donnée.

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